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Rappels anatomiques pour une autre vision du corps

[...] La 5ème lombaire. Désormais, n’appréhendez plus le blocage de cette "fameuse L5" comme une finalité en soi, mais bien comme une indication ou plutôt une sonnette d'alarme émise par le corps pour annoncer, voire corriger d'autres désordres  !

Voici, pour illustration, un cas typique de 5ème lombaire en souffrance et « sur » manipulée, sans que le bassin ait été au préalable ni rééquilibré, ni  stabilisé dans la durée.

 

Arnaud Tournant, cycliste sur piste, onze fois champion du monde, une fois champion olympique  et doublement médaillé aux derniers Jeux d'Athènes.

C'est son entraîneur, Gérard Quintyn qui, ayant eu vent de cette méthode, prit rendez-vous. Son poulain vint pour la première fois en février 2003. Il sortait d'une période de repos obligatoire prescrite médicalement et souffrait d'une sciatique du côté gauche jugée insuffisamment invalidante pour être opérée. Il est vrai qu’à son niveau de compétition, toute opération représente une prise de risque réelle, celle de ne plus pouvoir atteindre les sommets.

Au bout de quelques mois, l'option choisie du repos forcé ne portant pas ses fruits, aucune amélioration ne se faisant sentir et son bassin ne s'en trouvant pas remis pour autant, Arnaud Tournant arrive à mon cabinet pour une première visite. Je dénote d’emblée une bascule du bassin d'un centimètre et demi. À cela s'ajoute son témoignage : il souffre depuis trois ans de lombalgie et a subi des manipulations fréquentes de la 5ème lombaire, manipulations censées repositionner la vertèbre. C'est un homme d'une musculature impressionnante. En développé couché, il porte des charges de plus de 100 kg ! Quant aux squats (flexions / extensions des genoux, effectuées debout), leurs charges sont proches  de 200 kg !

Pour moi, le diagnostic est clair : la « fuite » de sa 5ème lombaire résulte de l'inclinaison de son bassin à laquelle s'ajoute une musculature très puissante, le tout menant logiquement vers une hernie discale. Pensez à une cerise coincée entre deux de vos doigts ! Plus vous la pressez, plus vite le noyau va gicler !

Entre février et mars, je le vois à cinq reprises et ses douleurs, lombaires et sciatiques, disparaissent totalement. Puis, un jour, il m'appelle paniqué car il ressent des douleurs violentes entre les omoplates. Je le reçois une nouvelle fois et en une séance ces douleurs disparaissent elles aussi. Pourquoi ? Eh bien, la raison en est simple ! Il avait, pendant des années, adopté sur son guidon une position contrariée par sa bascule du bassin, et ses vertèbres dorsales avaient peu à peu opéré une compensation. Le simple fait de re-positionner son bassin en équilibre a provoqué, en toute logique, une réaction en chaîne sur des lésions établies de longue date. En fait, un temps de "déprogrammation" des lésions est incontournable et parfois douloureux, selon les cas et les personnes.

Trois mois après ce travail, il participait aux championnats du monde à Stuttgart (juillet 2003) et obtenait une médaille de bronze en individuel et une médaille d'argent par équipe !

Cette médaille de bronze a eu pour lui "valeur de médaille d'or" (il en a témoigné dans le journal L'équipe en juillet 2003)… Durant son immobilisation forcée, quelques mois avant ce grand rendez-vous de Stuttgart, il avait réellement craint voir sa carrière suspendue. Quand un sportif se sent diminué, ses sensations, ses capacités s'effritent, le moral en prend un coup !!! Alors ces médailles sont bien la preuve que la réversibilité de certaines pathologies reste possible.

Fin 2003, à partir de la septième séance, Arnaud ne ressentait plus la position tordue qu'il avait depuis si longtemps sur son vélo. Cette méthode de soins lui a donc permis d'effacer tous ses traumatismes passés et d’initier un travail de reconstruction. Le 26 mai 2004, Arnaud Tournant renouait avec l'or aux derniers Championnats du monde, puis fut  sélectionné en équipe de France pour les Jeux Olympiques d'Athènes (juillet 2004).

 

[...] Le crâne et sa base (l'occiput) et les 2 premières cervicales (l'atlas et l'axis)

La tête est une sphère en appui sur l'anneau de l'atlas, la première cervicale. Le crâne, par l'intermédiaire de sa base (l'occiput), pivote autour de l'axe vertical de l'axis, qui est l'apophyse odontoïde. Véritable tour d'observation mobile, il pivote telle une tourelle de char que représente l'association des trois formations anatomiques (occiput/atlas/axis). Mais à l'inverse du char dont la tourelle va rester parallèle à l'inclinaison du terrain, nous, nous allons adapter et mobiliser nos articulations cervicales moyennes et inférieures pour maintenir le regard horizontal et cela lors de chaque modification de l'équilibre de notre corps. Mais si le bassin est déséquilibré et cela depuis un certain temps, l'adaptation des étages cervicaux inférieurs va entraîner frottements, conflits, frictions, douleurs et arthrose à long terme ; ceci n'excluant pas d'ailleurs l'existence de conflits dans les étages cervicaux supérieurs très fréquemment rencontrés (occiput, C1, C2). Dans ce contexte-là, toute pratique sportive, la simple marche et les différents efforts que nous impose la vie quotidienne vont être emmagasinés dans le corps et contracter une dette que nous paierons tôt ou tard.

Voici justement le cas de deux amis qui portent haut les couleurs de la France dans le domaine de l'équitation : Eric Levallois et Eric Navet. L’un comme l'autre souffraient de cervicalgies récurrentes et douloureuses.

Quand on atteint le niveau le plus élevé de la compétition, la moindre modification du parcours de sauts d'obstacles ou la moindre perte de temps dans le déroulement de l'épreuve peuvent être fatales. La reconnaissance du terrain en préambule du concours, bien que très minutieuse, n'enlève rien à l'immense sollicitation des cervicales qui va suivre lorsque le cavalier se trouve en selle. La nuque, en effet, va devoir gérer l'effort au moment de l'action proprement dite du passage de l'obstacle, puis la vision du parcours et enfin, l'anticipation des barres suivantes. Par conséquent, durant le parcours, la tête tourne sans cesse, en tout sens, avec une nuque tendue, voire cassée lorsque le cavalier s’avance sur l'encolure.

Vous comprendrez que la cervicalgie est une pathologie redoutée chez ces sportifs hippiques. Ils ont besoin d'une nuque souple, disponible et réactive. Si au contraire cette zone les fait souffrir, cela peut compromettre à un dixième de seconde près leurs prestations dont les enjeux sont considérables. Le repositionnement initial du bassin et la libération des cervicales sur deux, trois séances ont permis à chacun de se libérer de souffrances parfois très anciennes. Par la suite, assis en bonne position sur leur selle avec deux étriers de même longueur, ils pouvaient entretenir le résultat obtenu par une musculation de leur dos la meilleure possible dans l'exercice de leur sport.

Eric Navet et Eric Levallois, membres de l'équipe de France d'équitation ont remporté la médaille d'or par équipe aux derniers championnats du monde de Jerez (Espagne).

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