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Extraits :

Mme S. : un cauchemar médical

[...] "J'ai 50 ans et j’ai vécu l'enfer durant les dix dernières années : crises de dos épouvantables, récurrentes et progressives, hospitalisations fréquentes, infiltrations, anti-inflammatoires, morphine, IRM, scanner et scintigraphie des lombaires.

Puis, j'ai enfin su ce que j'avais : une discopathie étagée sur quatre niveaux.

Ensuite ont suivi de nombreuses consultations chez de grands spécialistes, rhumatologues, chirurgiens ; certains envisageaient une lourde opération avec greffe d'os, plaques et vis, suivi de trois mois d'immobilisation ; d'autres voulaient me plâtrer durant deux mois, avec des séances de rééducation, gym, kiné et ostéopathie durant des années. Jusqu'au jour où l’on m’a conseillé de consulter Monsieur Bounine-Cabalé. J’y suis allée sans trop y croire, mais déterminée à essayer une méthode nouvelle.

À la vue de mon état, il m'avait prévenu que cela pouvait être long, mais il est toujours resté très optimiste quant aux résultats. Cela fait maintenant deux ans que je le vois régulièrement et j'ai vraiment l'impression de revivre. Ma vie de tous les jours a complètement changée et mon moral également.

Il m'arrive parfois de travailler à nouveau, d'une façon ponctuelle, de danser, de faire du jardinage et même de prévoir des voyages. Tout cela en continuant, bien sûr, à faire attention et à m'entretenir avec des mouvements appropriés et une gymnastique douce."

Pourquoi citer le cas de Mme S. ? Peut-être par ce qu’il illustre bien, à sa manière, toute la problématique de la guérison mécanique en résonance avec l'état d'être du patient. Quand il y a deux ans cette femme est arrivée à mon cabinet, elle était immergée dans une spirale infernale de douleurs, de peurs, de doutes, lui ôtant tout espoir d’amélioration, à court ou long terme.

Dans ce cas bien précis, mon challenge était double. Recréer tout d’abord l'équilibre et remettre en place la structure. Pour cela, quelques séances suffirent. Puis, dans une seconde phase plus délicate, pérenniser ce nouvel équilibre qui à plusieurs reprises s’était déjà rompu au cours des années de soin précédentes. Pourquoi ces ruptures  ? Eh bien, à cela une raison simple. La dimension psychologique occupe une part importante dans la précarité de ce travail d'équilibre. Les dix années assimilées par cette patiente à un cauchemar médical lui avaient littéralement coupé les racines de l'espérance, en lui concoctant un avenir bien sombre. C'est ce que je nommerai un vrai et profond « bug » émotionnel ou, plus simplement, un virus dans cet ordinateur si exceptionnel que n'est pas le corps humain. Cette femme, bien que désireuse de s'en sortir, souffrait d'angoissantes interférences créées par son doute de guérir et par la peur du retour de la douleur. Des appréhensions si subtilement inscrites en nous qu’elles agissent à l'insu de notre conscience. Dans le cas présent, leur travail de sape se traduisait par une bascule du bassin. J'ai donc accompagné Mme. S. dans la "déprogrammation" de sa mémoire douloureuse.

La notion du temps est tellement subjective que deux années de soins peuvent sembler longues à certains. Mais pour ma patiente qui aujourd'hui a retrouvé une vie normale dans son quotidien, une harmonie dans l’intimité de son couple, des projets d'avenir, des activités professionnelles (l’organisation de festivals, tout de même !), ses deux années sont bien peu au regard d'un nouvel avenir plein de promesses.

J'ajouterai que dans ce cas précis, à aucun moment nous n'avions abordé "son histoire", l'histoire de la vie de Mme. S.. Ce n'est que bien plus tard, à l'occasion d'une anodine conversation téléphonique entre deux patients, que je lui demandai si elle avait cherché à comprendre le pourquoi de ces dix ans de cauchemar. Je l’entends encore me répondre : "Oh non Monsieur Bounine, je ne vois pas pourquoi ! Je n'avais pas de problème particulier". Pourtant, une petite voix me disait d'insister. Finalement, avant de raccrocher, elle réalisa qu'il y avait peut-être un lien avec le décès brutal de son père, un homme exigeant et sévère, un lien peut-être avec son premier mariage, union malheureuse où épouse battue, elle avait fui en prenant son bébé sous le bras, un lien enfin avec le cancer doublé d'une polyarthrite évolutive de sa mère. Dès lors, pour Mme S., n'y avait-t-il pas dans l'accumulation de ce passif familial, affectif et émotionnel matière à réflexion ?

4 témoignages :

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Mme S : un cauchemar médical


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